Avant-propos

Chère lectrice… Cher lecteur…

Bienvenue. Vous venez d’entrer dans l’aventure d’un roman singulier. Particulier.

……..La Créativité. Nous avions cela en commun. Elle seule nous faisait vibrer. Et pourtant… Y renoncer, se faire une raison, devenait notre amère conclusion. Mais ce soir-là, mon père ne se résigna pas. Il contourna le temps, les obligations et fit sonner juste la corde littéraire qui sommeillait en moi.

« Et si je te proposais d’écrire un roman ? Ensemble !?

- Mais… Comment… ?

 

 

OFF

De : complice (D.ernès)
À : fanny (fannydlt.laplume@gmail.com)
Envoyé : Samedi  6/06/  année 0
Objet :  Z9_Roman VTEMN – OFF « Veux-tu être mon (nègre) la plume?....»

 
Tu te souviens de cette idée de départ ?

« Saïgon, 29 avril 1975, dernier jour avant la chute. La capitale sud-vietnamienne est évacuée avec précipitation, dans l’urgence et l’affolement. Dans quelques heures, les troupes nord-vietnamiennes s’empareront de la ville et il sera trop tard pour partir. Deux jeunes vietnamiennes parmi tant d’autres, s’enfuient et prennent la route en direction de l’hôpital Grall, l’hôpital français devenu l’ultime abri sûr. Du côté de l’ambassade américaine, débordée par des centaines d’hommes et de femmes avec leurs enfants, agglutinés aux grilles, suppliants, une autre femme, américaine, enceinte qu’on fait monter à bord de l’hélicoptère stationné sur le toit, en train de se soulever, prêt à rejoindre les navires et porte-avions mouillant au large de la côte où des milliers de réfugiés sont mis en sécurité. »

EXTRAITS :

 

La nuit fit suite à la menace dans une angoisse étouffante. Les gens dans la cale avaient eu vent de la terrible annonce, mais ils ne pouvaient rien faire d’autre qu’attendre, espérer, encore…Mal assis, les pieds enfoncés dans la cuisse de l’autre, les coudes dans les flancs du voisin, le nez noyé dans des cheveux sales et secs, nul ne parlait ni ne dormait. Un silence pesant s’était installé, une tension muette. Tous étaient vigilants, aux aguets : « Que le capitaine ne se débarrasse pas de l’un de nous durant notre sommeil, qu’une patrouille côtière ne nous rattrape pas pour nous ramener vers l’enfer,………………………

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Ils avaient aménagé dans le secteur français de Berlin-Ouest, cette enclave en pleine Allemagne de l’Est contrôlée par le pouvoir de Moscou. À ses protégées, il avait expliqué que cette partie de la ville était divisée en trois secteurs : le secteur américain, le secteur anglais et le secteur français. Et ce petit bout de territoire était comme une « île au milieu de la Mer Rouge ! », avait-il ajouté en s’esclaffant, fier de l’image qu’il avait trouvée pour évoquer le communisme envahisseur. Il avait poursuivi en racontant que les rouges, les bolchéviques, avaient construit un mur immense de trois mètres de haut sur plus de cent soixante kilomètres.

« Pour s’emprisonner eux-mêmes ! N’est-ce pas idiot ? » avait-il demandé à Lan en agitant les bras.

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Intrigué, chacun restait suspendu à ses lèvres muettes. Von Karajan s’était arrêté. Lentement, il se tourna à nouveau vers Mitya et le scruta quelques instants. Puis, comme si cela ne lui suffisait pas, il se pencha vers lui, l’observa encore un temps et lui demanda enfin :

- Mitya… Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour votre liberté ? 

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« Je n’arrive pas à y croire… Tu as connu, et joué, avec le grand maître VON KARAJAN et le petit prodige MITYA PROSKOVITCH… Et tu ne m’avais rien dit ?!

- Je ne pensais pas que c’était important.

- Bien sûr que si c’était important ! C’est toi qui aurais dû mener l’interview ! C’est toi la violoniste !

- Et toi le mélomane, répliqua-t-elle avec tact. 

Thomas sourit devant la répartie de sa nouvelle collègue. Au premier abord, il n’avait pas pensé qu’elle pouvait avoir du caractère. Il l’avait jugée naïve derrière son air toujours enjoué, la soupçonnant d’avoir obtenu ce job par le biais d’un quelconque piston. Après tout, son père était un grand-reporter…

- Pourquoi tu ne joues plus du violon ? Dis-moi tout, demanda-t-il en s’avançant vers la journaliste devenue pour lui particulièrement intrigante.

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Ellis était arrivé à l’entrée de la Place Tahrir, accompagné de deux hommes. De loin déjà, il avait entendu la foule amassée sur les dalles échauffées. Elle brassait, grondait, scandant des slogans entrecoupés de cris. Toute la journée, les journalistes et les étrangers avaient été pourchassés, devenus la cible des plus radicaux. C’était eux les premiers responsables des émeutes et des violences de la veille. "Tu es américain ! se rappela Ellis en entendant en lui la voix de Tor. Ne va pas sur la place, ils vont te lyncher !"  

La fureur était toujours là, présente, oppressante, et Ellis s’apprêtait à y plonger sans filet.